
Lettre à une femme éprise d'un chantier
Au mitan peut-être de la vie toutes les bornes dépassées
nos panneaux se lisent à l'envers à l'encontre des ordres noirs
j'ai renforcé tes accotements par des murs ajourés
ils respirent ensemble sans forcer leurs courages
Tu étais partie de trop loin et moi j'en revenais sans le moindre outil pour toi
et sans pouvoir réduire et ni même déduire au débotté la profondeur des anciennes fractures
Le terrassement te prendrait à plein temps car tu soulèverais la terre avec des cris
tu voudrais retrouver et drainer toute l'eau qui t'a jadis ensevelie
depuis la boue t'habille comme une glue désabusée
mais qui tient au cerveau malgré le temps outrepassé.
Quand je pense à toi je me mets à ta place
mais sans jamais confondre tes lois avec mes miasmes.
Et quand je redessine les contours de ta voix
j'entends une eau de forge sauvage et ravinante
Je vois pourtant déjà le toit le jardin les lucarnes
qui viendront relayer ton corps arraisonné
eux qui auront à coeur de protéger ton être
contre les coups du vent de l'orage de tête
J'attends une éclaircie : le permis de construire
un abri fabuleux fait d'alvéoles saines
agrémentées de rires et de paroles neuves
où le miel du langage sera bien élevé.
La ruche comme asile de nuit
Le jardin comme asile de jour
Pas de demi mesure, vois tu,
pour nos relogements !
18 août 2012